Facteur: vient du latin Factor qui veut dire fabriquant de …, créateur, auteur. Un facteur est également un élément actif, participant à un processus de transformation. Il est un déclencheur, il peut « détraquer » un organisme, lui faire prendre une autre direction, le faire évoluer autrement. Un facteur, c’est aussi un messager qui se déplace d’un lieu à l’autre, d’une personne à l’autre.
Indépendant : qui aime sa liberté, affranchi du regard et du jugement, des carcans de la norme, de la bien-pensance… Avance indépendamment de tout ce qui l’enferme, l’éloigne de sa singularité, de sa recherche propre.
Le Facteur indépendant a été créé en 2007, à l’initiative de Julie Villeneuve, auteure, metteure en scène et comédienne.
Les créations de la compagnie s’articulent essentiellement autour de ses travaux d’écriture. Elles trouvent leur source dans l’intérêt porté par Julie Villeneuve et les artistes qui l’accompagnent à la vitalité de chaque individu, ses possibles et ses empêchements. Les spectacles mettent en scène l’humain, plongent au cœur de l’intime, là où il touche des aspects universels, existentiels et politiques, dans une tentative d’exprimer la rencontre explosive, violente, et parfois impossible entre ses propres élans et la soumission aux normes et réalités sociales.
Julie Villeneuve s’efforce à travers son écriture de révéler ce qui ne peut pas être dit, que nous nous interdisons même de penser parfois, mais qui pourtant réside en chacun de nous. C’est un jeu subtil entre l’ombre et la lumière, où la cruauté des êtres humains se mêle à leur beauté, à leur courage, à leur puissance créatrice.
La rencontre est une composante essentielle de la démarche de la compagnie.
Les artistes de la compagnie vont à la rencontre des autres, de tous les autres, et mettent en place des dispositifs ou la parole peut s’enclencher, ou chacun peut s’exprimer le plus librement possible, trouver des chemins pour sortir de lui-même et partager son monde avec celui des autres. Dans cette optique, des projets artistiques impliquant des amateurs sont régulièrement menés dans des lieux non dédiés à la culture tels que des hôpitaux psychiatriques, des établissements pénitentiaires, des bidonvilles, des écoles. Ces rencontres nourrissent profondément les écritures et propositions théâtrales de la compagnie.
« J’ai toujours été attirée par les êtres à part, les fous, ceux qui sortent des sentiers battus. Enfant, je m’asseyais sur des bancs près de ceux qui ne me paraissaient pas tout à fait vivre dans le même monde que moi. Je buvais leurs paroles, leurs silences, j’observais étonnée l’œil qui s’humidifie à l’évocation d’un souvenir, riais de bon cœur à la plaisanterie qui s’en suivait pour reprendre du courage. Je voyageais sans changer de ville et le monde devenait plus grand. Ces poètes des rues, ces êtres étranges et décalés m’ont aidée à me construire, à ouvrir mon regard et à remettre en question des évidences. Je crois que je leur dois mon amour du théâtre. »
Julie Villeneuve