L’occasion de découvrir l’univers de cette nouvelle création du Facteur indépendant et d’entendre des extraits de la pièce en cours d’écriture
» Un jour comme les autres où j’étais allongée sous ma couette, un oiseau est venu se poser au bord de ma fenêtre. J’étais surprise parce qu’il pleuvait, et c’est très rare de voir un oiseau sous la pluie. Il était tout petit. Plus petit que ma main. Il avait des petits yeux tout ronds et il chantait, un très joli petit chant. Il me regardait dans les yeux. Son chant, j’avais l’impression que c’était pour moi qu’il le chantait. C’était un oiseau parmi des milliers d’oiseaux. Je ne connaissais pas son nom et pourtant j’avais la sensation que c’était le monde entier qui venait taper à ma porte. J’ai souri pour la première fois depuis longtemps et puis il m’a tourné le dos et il s’est éloigné en sautillant. Il se retournait de temps en temps pour me regarder, comme pour me dire viens avec moi, allez, viens, tu vas voir. Il est entré dans une toute petite cabane qu’une vieille dame du quartier qui parle aux oiseaux avait posée pour eux sur une branche de l’arbre qui est juste devant ma fenêtre. J’ai fermé les yeux et j’ai suivi l’oiseau en pensée.
L’intérieur ne ressemblait pas du tout à l’extérieur. C’était un autre monde… Une espèce de grotte, mais une grotte extérieure, une grotte qui n’aurait pour se protéger du monde, qu’une peau.
Parfois, il faut aller chercher ailleurs, naviguer dans des mondes qu’on ignore, quitte à se perdre, prendre des chemins aussi bizarres que les rêves qu’on fait la nuit. Peut-être ils nous disent une vérité, quelque chose que notre cerveau tout carré, tout normé, tout plein de peurs n’est pas en mesure d’entendre, ni de comprendre… Parfois il faut entrer en dialogue avec d’autres parts de nous-mêmes… Vivre des choses que nous n’aurions jamais imaginé…
Dans cette cabane, il y avait deux êtres, en plus de l’oiseau. Un jeune homme et la vieille dame. Tous les deux me rappelaient très fortement quelqu’un : Moi. C’était étrange, pourtant ils ne me ressemblaient pas, et tous les deux étaient très différents aussi… Il y avait aussi une odeur de crêpes, qui m’a tout de suite fait penser aux après-midi chez ma grand-mère. »
Julie Villeneuve
Distribution
Conception, écriture et mise en scène
Julie Villeneuve
Jeu
Laurence Janner et Ilan Couartou
Création sonore
José Amerveil
Scénographie
Claudine Bertomeu
Collaboration artistique
Claude Veysset
Traces vidéo et crédits photos
Florence Lloret
Résidence et coproduction : 3 bis f Centre d’arts contemporains d’intérêt national – Aix-en-Provence – Résidences d’artistes | arts vivants & arts visuels